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Économie verte : commentaire de l’Association SEL-de-Table sur l’initiative populaire pour une économie fondée sur une gestion efficiente des ressources

By on 8 Sep 2016

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Ce 25 septembre 2016 aura lieu la votation sur l’initiative populaire « économie verte ».

Voici donc une reprise de cette initiative « économie verte » que nous avons commenté :

L’objet en détail :

Les ressources naturelles que sont l’eau, l’air, le sol et les matières premières sont indispensables à la vie. Le fonctionnement de l’économie dépend lui aussi d’elles. Aujourd’hui, l’utilisation des ressources est excessive. La manière dont nous consommons a un gros impact sur l’environnement et produit trop de déchets.

Une consommation excessive des ressources naturelles

Deux tiers des atteintes portées à l’environnement par les produits consommés en Suisse sont imputables aux biens que nous importons en grandes quantités de l’étranger. Il faudrait disposer des ressources de trois planètes si tous les habitants du globe adoptaient le même mode de vie que la population suisse et produisait autant de déchets. Mais nous n’avons qu’une planète. Pour que la qualité de vie de la population soit maintenue à long terme, il faut donc utiliser les ressources disponibles avec davantage d’efficacité.

Commentaire de SEL-de-Table :

La consommation « excessive » dont il est question n’est plus d’actualité. Aujourd’hui, il est temps d’utiliser les vrais adjectifs descriptifs et de parler d’une « consommation inconsidérée et irrégulée ». Il est nécessaire que des actions soient prises « d’en haut » et ne plus se contenter d’initiatives populaires, certes intéressantes, mais qui n’ont qu’un impact limité au niveau de la conscience du consommateur final. Celle-ci est vite regagnée par la soif intarissable d’avoir en sa possession un bien sans aucun défaut. « Nous n’avons qu’une planète » : ce message résonne à nos oreilles, fait palpiter notre cœur, mais n’atteint pas souvent celui de notre cerveau !

 

Une prise de conscience qui a déjà eu lieu

Économie du gaspillage

Le Conseil fédéral et les entreprises partagent cette préoccupation et s’engagent depuis de nombreuses années pour une gestion plus efficace des ressources et pour la recherche portant sur de nouveaux matériaux et des technologies alternatives. Ceci est toutefois insuffisant aux yeux des auteurs de l’initiative, c’est pourquoi ils ont lancé l’initiative populaire en faveur d’une économie verte qui vise à réduire à un équivalent-planète l’empreinte dite écologique de la Suisse d’ici à 2050.

Commentaire de SEL-de-Table:

Cette réduction de l’empreinte écologique à 2050 est nécessaire. La réalisation des solutions proposées par l’initiative « économie verte » est sans doute un peu trop utopique et les politiques se délecteront d’arguments économiques qui feront probablement pencher la balance vers le refus, mais il faut saluer l’impact d’une réflexion à long terme dont nous font bénéficier les auteurs. Croisons les doigts pour l’apparition de solutions alternatives réellement applicables à court, moyen et long terme.

 

L’initiative « économie verte »

L’initiative demande que la Confédération, les cantons et les communes s’engagent à mettre en place une économie durable qui ménage les ressources naturelles, qui produise moins de déchets et les rende valorisables. Pour atteindre les objectifs de l’initiative, la Confédération, les cantons et les communes sont appelés à promouvoir l’innovation et, s’il le faut, à édicter des prescriptions et à introduire des taxes d’incitation.

Commentaire de SEL-de-Table :

La Confédération, les cantons et les communes sont d’ores et déjà impliqués de façon importante dans le soutien et la promotion de l’innovation, tout domaine confondu. Des moyens financiers sont mis à disposition d’organismes pour ce type d’activités. Ils n’auraient donc, en second plan, qu’« à édicter des prescriptions et à introduire des taxes d’incitation ».

Ces dernières, une fois récoltées, auraient pour avantage de pouvoir injecter davantage d’argent dans la promotion de l’innovation. Mais rien n’est précisé à ce stade. L’Etat pourrait être intéressé par cette solution. Cela signifierait, par contre, que ces taxes seraient prélevées principalement sur les sociétés, freinant ainsi leur développement et accès aux nouvelles technologies qui coûtent logiquement plus cher. Le serpent se mord la queue sur ce point. Pire encore, ce type de taxes pourrait très clairement rebuter certains groupes internationaux qui souhaiteraient s’installer ici, ébranlant peu à peu l’attraction de notre pays et impactant le nombre d’emploi dans le futur. Il est donc nécessaire que ce type d’initiative soit discuté tant au niveau européen que suisse. Tels seront sans doute les contre-arguments avancés.

 

Les arguments du comité d’initiative

Les auteurs de l’initiative pour « une économie verte » entendent réduire l’impact sur l’environnement dans une mesure supportable à l’échelle de la planète d’ici à 2050. Ils veulent favoriser les produits locaux par rapport aux importations et ils comptent sur le développement de nouvelles technologies en Suisse. Les produits de consommation devront avoir une durée de vie plus longue et seront réparés au lieu d’être simplement jetés dès qu’ils présentent le moindre défaut.

Commentaire de SEL-de-Table :

Il s’agit d’un objectif qui devrait être adopté par tous, au quotidien. Pour cela, il est nécessaire de commencer par favoriser les produits locaux en réduisant les intermédiaires et en évitant la concurrence déloyale de l’importation de masse.

Dans le cas des denrées alimentaires, une taxe à l’importation qui servirait de contribution supplémentaire pour les exploitants locaux, équilibrant ainsi les prix, pourrait être une solution. Une taxe sur les déchets alimentaires que produisent les sociétés de tri pourrait également être envisagée. Il est temps de revoir les critères de sélection des aliments mis en vente.

Il est également temps de respecter la saisonnalité des produits en interdisant le commerce de denrées hors saison, par exemple. Cette solution permettrait d’inciter les consommateurs à prendre conscience de leurs actes et se contenter des produits mis en vente: une pomme un peu déformée est-elle moins bonne qu’une autre ?

La demande doit s’adapter à l’offre, parfois !

La recommandation du Conseil fédéral et du Parlement : un objectif trop ambitieux

L’initiative « économie verte » veut aller trop loin en trop peu de temps. Si elle est acceptée, elle aurait des incidences négatives pour l’économie. Elle pourrait provoquer de brusques mutations structurelles, avec des répercussions sur la compétitivité, la croissance et l’emploi. Elle pourrait pousser les prix à la hausse et restreindre la consommation. Pour appliquer les mesures préconisées, l’Etat aurait besoin de davantage d’argent et de personnel.

Pour toutes ces raisons, le Conseil fédéral et le Parlement rejettent l’initiative.

Commentaire de SEL-de-Table :

Comme dit plus haut, l’Etat qui protège ses intérêts ainsi que ceux des entreprises et habitants de son territoire ne peut, bien entendu, pas se positionner favorablement pour cette initiative.

Malgré tout, la Suisse doit montrer l’exemple d’une économie florissante, tout en prenant conscience de son impact écologique. Les deux ne sont pas incompatibles, au contraire, et doivent passer par l’innovation technologique et l’innovation d’affaire, en parallèle. Jamais l’un sans l’autre et jamais l’un au détriment de l’autre. Favoriser la production locale est un enjeu dont l’Etat doit davantage prendre conscience, c’est certain.

En résumé, le message est fort : il faut anticiper le futur d’une planète qui finira tôt ou tard par réagir à l’impact écologique de l’homme, chacun le sait, mais la majorité des consommateurs lambda ne réagira pas par lui-même. La pression doit donc venir d’en haut, de manière réfléchie et efficace, sans mettre en péril l’économie, mais au contraire, en la favorisant.

Cette course contre la montre est lancée depuis longtemps, car nous avons effectivement besoin de 3 planètes, mais n’en disposerons toujours que d’une seule !

Christophe Rouiller – VP SEL-de-Table

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